Financement du logement au Mali
Vue d'ensemble
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Le Mali est un pays de l’Afrique de l’Ouest couvrant une superficie de 1 241 238km2 et compte environ 20 920 568 habitants en 2021. Sa population croît annuellement de 2,97%. Le Mali connaît une urbanisation rapide avec un taux d’urbanisation de 4,75% et un taux de croissance démographique de 2,97% en 2020. Cette urbanisation rapide continue de créer un déséquilibre entre l’offre et la demande de logements, ce qui a conduit à la croissance de bidonvilles avec de nombreux ménages construisant leur propre maison.
La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a pris des mesures pour contenir l’impact du COVID-19 en augmentant la liquidité des banques et en protégeant leur trésorerie. En décembre 2020, le montant cumulé des échéances reportées par les établissements de crédit de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), est estimé à 380,4 milliards FCFA (687,8 millions USD), et 769,4 milliards FCFA (1,4 milliard USD) pour les encours de crédits .
Le Programme Triennal d’Investissement (PTI) a permis la construction de 5 928 logements sociaux sur les 12 566 logements prévus en 2018, sur la période 2019/21.6 Le PTI pour la période 2020/22 a prévu une enveloppe de 32 milliards de FCFA (57,8 millions de dollars) pour la construction de 50 000 logements sociaux.
Pour en savoir plus sur le secteur du financement du logement au Mali, y compris les principales parties prenantes, les politiques importantes et l’abordabilité du logement:
- Introduction
- Accès à la finance
- Faisabilité budgétaire
- Offre de logement
- Marché immobilier
- Politique et réglementation
- Opportunités
- Accès aux données sur le financement du logement
- Informalité urbaine
- Sites web
Mali
Introduction
Le Mali s’étend sur une superficie de 1 241 238km² et compte 20 920 568 habitants en 2021. Sa population croît annuellement de 2.97%.[1] Le Mali connaît une urbanisation rapide avec un taux d’urbanisation de 44% et un taux de croissance de la population urbaine de 4.7% en 2020.[2]
Cette urbanisation rapide continue de créer un déséquilibre entre l’offre et la demande de logements pouvant encourager l’auto-construction et l’augmentation de bidonvilles.
La croissance du PIB projetée à 4.9% en 2020 est ramenée à 0.9%, le taux de croissance économique du Mali prévu en 2021 est de 4%. L’inflation moyenne annuelle est en hausse, passant de -3% en 2019 à +1.5% en 2021. La pandémie de la COVID-19, combinée au coup d’état d’août 2020, a fait basculer l’économie de forte croissance de 5.1% du PIB réel en 2019 à une récession en 2020.[3] En moins d’un an, un deuxième coup d’Etat en mai 2021 fait traverser au Mali une situation d’instabilité politique et économique. Le taux de change moyen annuel est passé de 574.71 CFA pour un US$ au 1er juillet 2020 à 553.23 CFA au 1er juillet 2021.[4]
La Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a pris des mesures pour lutter contre la COVID-19 en augmentant des liquidités des banques et ainsi protéger leur trésorerie. Dans l’espace de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), en décembre 2020, le montant cumulé des échéances ayant fait l’objet de reports par les établissements de crédit est estimé à 380.4 milliards CFA (687.8 millions US$), pour un encours de crédit de 769.4 milliards CFA (1.4 milliards US$).[5]
Le Programme Triennal d’Investissement (PTI) sur la période 2019/21 a permis la construction de 5 928 logements sociaux sur les 12 566 unités lancées en 2018.[6] Le PTI sur la période 2020/22 a prévu un budget de 32 milliards CFA (57.8 millions US$) pour la construction des 50 000 logements sociaux.[7]
[1] Country Meters (2021). Mali Population. https://countrymeters.info/fr/Mali (Consulté le 18 Août 2021).
[2] Banque Mondiale (2021). Population urbaine-Mali. https://donnees.banquemondiale.org/indicator/SP.URB.TOTL.IN.ZS?locations=ML (Consulté le 28 Août 2021).
[3] Groupe de la Banque Africaine de Développement (2021). Perspectives économiques au Mali. https://www.afdb.org/fr/countries/west-africa/mali/mali-economic-outlook (Consulté le 25 Août 2021). Pg. 171.
[4] Xe.com (2021). Xe Live Exchange Rates. https://www.xe.com (Consulté le 1 juillet 2021)
[5] BCEAO (2020). Rapport annuel 2020. https://www.bceao.int/sites/default/files/2021-05/Rapport%20annuel%20de%20la%20BCEAO%202020_0.pdf (Consulté le 21 Août 2021). Pg. 28.
[6] UMOA-Titres (2020). Note d’information République du Mali. Présentation des émetteurs souverains de l’UMOA. Septembre 2020. https://www.umoatitres.org/wp-content/uploads/2021/04/Note-dinformation-Mali-2020-1.pdf (Consulté le 17 Août 2021). Pg. 7
[7] Ministère de l’économie et des finances du Mali (2019). Programme Triennal d’Investissement. https://budget.gouv.ml/Loi-des-finances-2020/fichiers/pdfs/anb/Etat_K_P-T-I.pdf (Consulté le 17 Août 2021). Pg. 48
Accès à la finance
L’environnement bancaire du Mali est composé de 17 établissements de crédit agréés dont 14 banques et trois établissements financiers à caractère bancaire. Le système financier comporte aussi deux fonds de pension, 11 compagnies d’assurance et 126 institutions de microfinance.
Le taux d’intérêt débiteur moyen sur les crédits a baissé en passant de 10.49% en 2006 à 7.96% en 2020.[1] Le taux de base bancaire varie d’une banque à une autre, la Banque Du Mali (BDM SA) propose le plus faible taux, à 5%. Le taux d’intérêt maximum sur les prêts hypothécaires résidentiels se situe entre 12.5 et 15%.[2]
La BDM propose des crédits immobiliers à sa clientèle sur une durée allant de trois à 15 ans. Orabank Mali accompagne les projets immobiliers de ses clients entre 3 millions CFA (5 423 US$) et 150 millions CFA (271 133 US$) sur 15 ans avec un taux d’intérêt de 7.75%. Pour qu’un client soit éligible, il lui faut disposer d’une garantie d’hypothèque, contracter une assurance, domicilier son salaire ou revenu crédible durant la période de remboursement, être titulaire d’un contrat, avoir un plan de l’architecte et présenter un devis estimatif et descriptif. La Banque Of Africa (BOA) et la Banque Atlantique du Mali proposent aussi des prêts hypothécaires à moyen ou long terme (20 ans). Le montant du prêt est déterminé selon la quotité cessible du client. Ce montant peut atteindre 80 à 100% de la valeur du bien ou du coût global de construction.
Face à la pandémie de la COVID-19, la BCEAO a satisfait aux besoins en liquidités des banques et a baissé le taux d’intérêt de 2.5% à 2%. Ce qui a permis aux banques de maintenir et d’accroître les prêts des clients. La BCEAO a autorisé aux institutions de microfinance à accorder des reports d’échéances à leur clientèle affectée par la pandémie, pour une période de trois mois renouvelables, sans charge d’intérêts, ni frais, ni pénalités de retard.[3]
Il devient de plus en plus important de pouvoir lever des ressources sur le marché financier, notamment dans le cas du logement. Un recours à la Caisse Régionale de Refinancement Hypothécaire (CRRH-UEMOA) est nécessaire. En effet, les ressources à long terme disponibles dans le cadre du système bancaire revêtent la forme de dépôts à terme et de fonds propres. Le CRRH-UEMOA a pour mission d’offrir aux établissements de crédit des ressources pour le refinancement des prêts hypothécaires, en mobilisant ces ressources sur le marché financier de l’UEMOA ou auprès des partenaires au développement.[4]
Du 1er janvier au 10 juin 2020, le Mali a procédé à 11 émissions de titres publics par adjudication pour un montant total de 330 milliards CFA (596.5 millions US$). En novembre 2020, l’État a lancé un emprunt obligataire d’un montant de 100 milliards CFA (180.7 millions US$) avec un taux d’intérêt de 6.5%.[5]
En 2021, le nombre d’institutions de microfinance (IMF) est de 86, en dehors des caisses affiliées aux réseaux. Un échantillon de 25 IMF compte 824 points de prestations de service et 1 282 349 de clients. Les dépôts enregistrés s’élèvent 122.05 milliards CFA (221.4 millions US$) en mars 2021 contre 110.26 milliards CFA (199.3 millions US$) en septembre 2020. L’encours des crédits est estimé à 142.37 milliards CFA (257.3 millions US$) contre 134.71 milliards CFA (243.5 millions US$) en septembre 2020, soit une augmentation de 5.38%. Le montant des créances en souffrance a baissé en passant de 11.03 milliards CFA (19.3 millions US$) en 2020 à 5.58 milliards CFA (20.9 millions US$) en 2021.[6] Concernant la contribution du secteur de la microfinance dans le financement du logement abordable, le réseau de microfinance Nyèsigiso, offre des solutions de microfinance du logement et des prêts hypothécaires. Le montant maximum de ces hypothèques est de 20 millions CFA (36 151 US$) pour 15 ans. Il offre également des prêts à la construction jusqu’à 3 millions CFA (5 423 US$) pour trois ans. Pour souscrire à un prêt hypothécaire, il faut être employé depuis au moins six mois chez le même employeur et les conditions relatives au terrain doivent être acceptées par Nyèsigiso et le Fonds de Garantie Hypothécaire du Mali (FGHM). Le FGHM couvre les éventuelles pertes des institutions financières dans le cas de défaut de paiements, mais aussi soutient l’accès à la propriété pour les ménages à faible revenu.[7]
[1] BCEAO (2021). Rapport sur les conditions de banque 2020. https://www.bceao.int/fr/publications/rapport-sur-les-conditions-de-banque-dans-luemoa-2020 (Consulté le 25 juillet 2021). Pg. 17.
[2] BCEAO (2020). Conditions de banque décembre 2020. https://www.bceao.int/sites/default/files/2021-04/Conditions%20de%20banque%20d%C3%A9cembre%202020_0.pdf (Consulté le 20 août 2021). Pg.3.
[3] BCEAO (2020). Rapport annuel 2020. https://www.bceao.int/sites/default/files/2021-05/Rapport%20annuel%20de%20la%20BCEAO%202020_0.pdf (Consulté le 21 août 2021). Pg. 28
[4] Caisse régionale de refinancement hypothécaire. Missions et activités. http://crrhuemoa.org/mission-et-activites/(Consulté le 25 Août 2021).
[5] UMOA-Titres (2020). Note-dinformation République du Mali Présentation des émetteurs souverains de l’UEMOA. Septembre-2020. https://www.umoatitres.org/wp-content/uploads/2021/04/Note-dinformation-Mali-2020-1.pdf (Consulté le 25 Août 2021). Pg. 38.
[6] BCEAO (2021). Principaux indicateurs des SFD de l’UMOA au 31 mars 2021. https://www.bceao.int/fr/documents/credit-et-microfinance. (Consulté le 20 Août 2021). Pg. 1.
[7] Nyésigo (2021). Produits et services. http://www.nyesigiso-mali.org/tab_produit.php. (Consulté le 25 Août 2021).
Faisabilité budgétaire
Un enjeu majeur est de combler le déficit de construction de logement abordable. Selon le Ministère des Affaires Foncières, de l’Urbanisme et de l’Habitat, 95 % de la population de Bamako désirent accéder à un logement. L’offre de logement abordable du gouvernement et du secteur privé reste insuffisante et l’auto-construction représente 75 % du parc immobilier malien.
Le taux de la pauvreté, c’est-à-dire la proportion de la population qui n’arrive pas à dépenser annuellement 179 327 francs CFA (357 US$) nécessaires pour satisfaire ses besoins de base, est de 41.9% en 2020 contre 42.3% en 2019. Bamako a une incidence faible de la pauvreté de 3.5% contre 24.8% dans les autres villes et 50.6% en milieu rural. L’indice de Gini mesuré à 38% montre une inégalité dans la répartition entre les dépenses ou les revenus des différentes couches de la population. Un ménage de Bamako satisfait ses besoins vitaux avec une dépense moyenne de 3.4 millions CFA (6 146 US$) alors qu’il faut compter 2.2 millions CFA (3 977 US$) pour un ménage dans les autres villes et 1.7 millions CFA (3 073 US$) en milieu rural.[1] En 2020, le PIB par habitant est de 475 173 francs CFA (859 US$) or l’achat d’un logement abordable nécessite un salaire annuel de 4.7 millions CFA(8 580 US$). En 2013, 452 dossiers de crédits ont été approuvés pour un montant moyen de 13.3 millions CFA (24 040 US$) par dossier.
Pour accéder à un logement à travers un prêt hypothécaire, un ratio de la mensualité sur le revenu du ménage est appliqué au cas par cas selon leur revenu. La Banque Malienne de Solidarité (BMS) fixe la quotité cessible à 33.3% du salaire alors que le code du travail en vigueur spécifie la quotité cessible de 25% pour les revenus les plus faibles et à 75% pour les revenus les plus forts. La banque commerciale Ecobank propose jusqu’ à 50% du revenu. Ces conditions de prêts rendent inaccessible un logement abordable à une grande partie des ménages. Ainsi, la garantie du FGHM trouve son importance ainsi que le projet du gouvernement de construction de logements sociaux.
[1] Institut National de la Statistique du Mali (2020). Rapport annuel de l’EMOP 2020/21. https://www.instat-mali.org/fr/publications/enquete-modulaire-et-permanente-aupres-des-menages-emop. (Consulté le 28 Août 2021). Pg. 36.
Offre de logement
En 2015, le besoin de logement était estimé à environ 440 000. Pour combler ce déficit, le nombre total annuel de logements nécessaires est de 82 500 dont 51 100 en milieu urbain et 31 400 en milieu rural.[1]
Le Ministère des Affaires Foncières, de l’Urbanisme et de l’Habitat a initié un vaste programme de réalisation de logements. Le PTI sur la période 2019/21 a permis la construction 5 928 logements sociaux. En 2019, La Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) a mis à la disposition de l’Etat, un montant de 25 milliards CFA (45.2 millions US$) pour le financement partiel du projet de viabilisation du site et de construction de 1 085 logements sociaux et économiques.[2]
Les logements sociaux disponibles de type F2, F3 et F4 sont destinés aux ménages (salariés ou non) ayant un revenu faible ou moyen. Les non-salariés souhaitant accéder aux F3 A et F3 B doivent s’acquitter d’une garantie de 132 660 CFA (240 US$) et un apport s’élevant à 234 000 CFA (423 US$). Pour les logements économiques de type F4, les postulants doivent payer une caution de 282 000 CFA (510 US$) et 250 000 CFA (452 US$) d’apport personnel. Les logements sont attribués sans intérêt sur une période de 25 ans.[3]
Dans le cadre du PTI, le secteur des infrastructures mobilise 772.3 milliards CFA (1.4 milliards US$), soit 45.4% de l’enveloppe globale. Les ressources se concentrent sur les moyens routiers avec un montant de 347.542 milliards CFA (628.2 millions US$), soit 63.87%. Le poste « Bâtiments et Équipement » représente un financement de 169.998 milliards CFA (307.3 millions US$), soit 31.24%. L’« Urbanisme et Habitat », le « Transport et Stockage » mobilisent respectivement 2.1% et 0.2% des ressources du secteur infrastructure. Mais l’« Urbanisme et Habitat » représente seulement 0.98% du PTI.[4]
L’État et la collectivité ont la responsabilité de veiller à la bonne qualité de l’habitat. Cependant, 16.1% des ménages ont recours à l’enlèvement des ordures par ramassage privé. Le ramassage public bénéficie à 3.1% des ménages, 57% des ménages se débarrassent des eaux usées par épandage dans la rue ou dans la cour.[5] L’insuffisance de planification des infrastructures et services de base représente un véritable obstacle à la provision de logements. Leur prise en charge par les promoteurs augmente les coûts de construction des logements. De plus, le prix du sac de 50kg a augmenté, s’élevant à 5 500 CFA (10 US$) en 2021 contre 4 500 CFA (8 US$) en 2020.
[1] Banque Mondiale (2015). Programme d’évaluation du secteur financier-module de développement. https://documents.banquemondiale.org/fr/publication/documents-reports/documentdetail/794481467989462461/mali-programme-d-evaluation-du-secteur-financier.(Consulté le 25 Août 2020). Pg. 5
[2] BOAD (2019). Communiqué de presse. https://www.boad.org/la-boad-met-a-la-disposition-de-letat-malien-un-montant-de-25-milliards-fcfa-pour-le-financement-partiel-du-projet-de-viabilisation-du-site-et-de-construction-de-1085-logements-sociaux-et-ec/(Consulté le 25 Août 2021).
[3] selogeraumali.com. (2021). Logements sociaux au Mali. https://selogeraumali.com/immobilier-aumali/logements-sociaux-au-mali/ (Consulté le 18 Août 2021).
[4] Ministère de l’Economie et des Finances du Mali. Programme Triennal d’Investissement. https://budget.gouv.ml/Loi-des-finances2020/fichiers/pdfs/anb/Etat_K_P-T-I.pdf (Consulté le 30 Août 2021). Pg. 11.
[5] Institut National de la Statistique du Mali (2021). Rapport d’analyse de l’EMOP premier passage 2021. https://www.instat-mali.org/fr/publications/enquete-modulaire-et-permanente-aupres-des-menages-emop (Consulté le 28 Août 2021). Pg. 32
Marché immobilier
Le marché de l’immobilier est marqué par un contexte de financement du logement social fragilisé par l’incapacité de l’État à mobiliser les fonds nécessaires et par la frilosité du marché financier à participer au financement de l’habitat. L’avènement de la COVID-19 n’a fait qu’aggraver cette problématique. La crise sanitaire liée à la COVID-19 a mis à mal l’activité économique et le bâtiment n’a pas été épargné.
La tenure foncière se décline en deux grands systèmes : le système formel, de droit écrit, établi par l’État et les systèmes coutumiers. L’Ordonnance N° 00-027/P-RM du 22 mars 2000 portant Code Domanial et Foncier (CDF) qui est le principal texte en matière foncière fait de la domanialité un principe fondamental de la gestion foncière.
Un registre foncier global n’existe pas à l’état actuel. Les litiges sur la propriété sont fréquents et leur résolution devant les tribunaux prend plusieurs années. En matière d’accès au foncier, les femmes font face à un statut précaire au regard du droit coutumier, qui ne leur reconnaît pas le droit d’être propriétaires des terrains qu’elles cultivent.
De plus, 20.5% des individus qui vivent dans un ménage dirigé par une femme sont pauvres.[1]
En avril 2019, un programme d’archivage physique et numérique des documents fonciers et la mise au point d’un système cadastral ont permis d’inventorier 217 000 titres fonciers et d’en numériser 185 000. Il faut noter que 36% de la population à Bamako ont un titre de propriété.[2]
La loi sur le foncier de 2011 renforce la sécurité de la propriété en facilitant le processus d’enregistrement. Le cadre règlementaire du secteur du logement a permis l’augmentation du nombre de promoteurs immobiliers locaux et le nombre de coopératives.
Les prix de cession et les redevances des terrains urbains et ruraux du domaine privé immobilier de l’État, à usage d’habitation sont fixés par l’État. Les prix sont actuellement plus élevés à au cœur de Bamako. Le coût par mètre carré d’un terrain non viabilisé mais à vocation résidentielle à Bamako est en moyenne de 62 500 F CFA (113 US$) par mètre carré, avec des disparités.
Les loyers constituent la plus grande dépense parmi les produits non alimentaires. Les dépenses totales en loyers s’élèvent à 134.7 milliards CFA (343.5 millions US$) à Bamako, soit 33% des dépenses nationales de loyer et à 55 milliards CFA (99.4 millions US$$) dans les autres villes.[3] Le coût des loyers pour un appartement de 100m2 est de 50 000 à 100 000 CFA (de 89 à 179 US$) par mois et celui d’une villa de quatre à cinq pièces de 200m² en moyenne est de 200 000 à 300 000 CFA (de 357 à 536 US$). Le coût de la main-d’œuvre de construction par mètre carré pour la maison la moins chère est de 130 000 CFA (232 US$).[4]
Le rapport Doing Business de la Banque Mondiale 2020 classe le Mali à la 140e place pour l’enregistrement de propriété qui compte cinq procédures et 29 jours pour un coût de 11.1% de la valeur de la propriété. L’indice de qualité de l’administration des biens fonciers de 8 sur 30 reste toujours faible. Le même rapport classe le Mali à la 133e place pour la facilité d’obtention des permis de construire avec 14 procédures en 124 jours. Le coût des permis de construire représente 9.3% de la valeur de la propriété.[5]
[1] Institut National de la Statistique du Mali (2020). Rapport annuel de l’EMOP 2020/21. https://www.instat-mali.org/fr/publications/enquete-modulaire-et-permanente-aupres-des-menages-emop (Consulté le 28 Août 2021). Pg. 41
[2] Banque Mondiale (2015). Etats des lieux du logement abordable dans l’UEMOA. https://www.mfw4a.org/sites/default/files/resources/Etat_des_lieux_du_logement_abordable_dans_l_UEMOA.pdf (Consulté le 20 Août 2021). Pg. 81.
[3] Institut National de la Statistique du Mali (2020) Rapport annuel de l’EMOP 2020/21. https://www.instat-mali.org/fr/publications/enquete-modulaire-et-permanente-aupres-des-menages-emop (Consulté le 28 Août 2021). Pg. 31.
[4] CAHF (2020). Housing Finance in Africa 2020 Yearbook. Mali Chapter. Pg. 177
[5] Banque mondiale (2020). Doing business 2020: Mali Economy Profile. https://francais.doingbusiness.org/fr/rankings?region=sub-saharan-africa (Consulté le 30 août 2021). pp. 10-20.
Politique et réglementation
En 2015, Le Mali a adopté sa stratégie nationale du logement qui a pour objectif principal d’améliorer les conditions de vie dans tout le pays en favorisant l’accès à un logement décent pour les populations à revenus faibles et intermédiaires. Pour l’atteinte de cet objectif, le gouvernement a créé, en 1996, l’Office Malien de l’Habitat (OMH). L’OMH est le principal médiateur entre les différents acteurs du secteur de l’habitat. Il est également actif dans la fourniture de terrains viabilisés, la promotion de l’utilisation de matériaux de construction locaux, et participe aux montages techniques et financiers des programmes gouvernementaux de réalisation des logements sociaux en tant qu’actionnaire de la BHM et du FGHM. En mars 2015, le gouvernement a signé un accord-cadre avec 19 opérateurs immobiliers nationaux et internationaux à travers l’association des promoteurs immobiliers du Mali (APIM) et l’association professionnelle des banques et établissements financiers du Mali (APBEF). L’OMH subventionne des taux d’intérêt sur les prêts hypothécaires pour les demandeurs éligibles, pour la plupart des membres de coopératives d’habitat.[1]
Le cadre réglementaire du secteur du logement du Mali inclut une loi sur les condominiums, une loi sur le développement de la propriété et une loi sur le financement du logement. La constitution et la législation du Mali assurent le respect du droit au logement. Sur le plan législatif, des contraintes ont été levées avec l’élaboration du code domanial et foncier, des textes sur la réhabilitation des quartiers spontanés, des textes sur la promotion immobilière et foncière, des textes relatifs aux avantages accordés aux promoteurs immobiliers, des textes sur le code de l’urbanisme et le code de la construction
Les dispositions des décrets N° 130 PGRM du 27 août 1967 portant sur les modalités de fixation des loyers d’immeubles bâtis et N° 146/PG-RM du 27 septembre 1967 portant réglementation des loyers des locaux d’habitation visent à régir les rapports entre bailleurs et locataires.
[1] Banque Mondiale (2015). Etats des lieux du logement abordable dans l’UEMOA. https://www.mfw4a.org/sites/default/files/resources/Etat_des_lieux_du_logement_abordable_dans_l_UEMOA.pdf (Consulté le 20 Août 2021) pp. 81-84
Opportunités
La demande de logement qui était estimée à 440 000 en 2015 dont 240 000 à Bamako devient de plus en plus pressante. Le volume de crédits à l’habitat a progressé et les taux d’intérêts débiteurs moyens sur les crédits ont continuellement diminué. Le gouvernement marque sa volonté d’améliorer le secteur du logement par une stratégie nationale pour l’accès au logement décent. Le cadre réglementaire du logement est le plus clair dans l’UEMOA et a permis l’augmentation du nombre de promoteurs immobiliers et de coopératives de logement. En 2020, le rapport Doing Business classe le Mali à la 148e place par rapport à la facilité de faire des affaires. Pour appuyer les efforts du gouvernement et combler le besoin de logements, le secteur privé a un rôle à jouer dans le logement abordable. Avec une meilleure organisation, la diaspora malienne pourrait également mobiliser des fonds pour le logement.
Le marché malien du ciment est alimenté à 71% par l’importation, principalement en provenance du Sénégal. Face à la demande croissante de ciment et au déficit de production local, Ciments et Matériaux du Mali (CMM) a construit en 2019 un centre de broyage d’une capacité annuelle de 800 000 tonnes sur le site de Diago, à 35km de Bamako.[1]
Le déficit de logements en Afrique peut être considéré à la fois comme un défi et une opportunité pour développer les activités économiques et créer des millions d’emplois. Des études montrent que le développement de logements abordables est générateur d’emplois, tant par la construction que par les dépenses de commodités ou de confort. Malgré la crise sanitaire de la COVID-19 et l’instabilité sécuritaire et politique que traverse le Mali, une résilience est notée dans le secteur du logement et de son financement. Davantage d’investissements alloués au secteur du logement abordable permettrait aux Maliens d’améliorer leurs conditions de vie.
[1] VICAT (2019). Ciments et Matériaux du Mali). https://www.vicat.fr/actualites/cmm-un-nouveau-broyeur-de-ciment-diago(Consulté le 30 Août 2021)
Accès aux données sur le financement du logement
L’Institut National de la Statistique (INSTAT) collecte, produit, analyse et diffuse des informations sur l’économie et la société malienne. L’INSTAT a réalisé quatre Recensements Généraux de la Population et de l’Habitat (RGPH) en 1976, 1987, 1998 et 2009. Le cinquième RGPH est prévu en fin 2021. L’Enquête Modulaire et Permanente auprès des Ménages (EMOP) mise en œuvre par l’INSTAT présente des informations sur le logement mais pas sur son financement. L’EMOP est réalisée annuellement en quatre passages. Ces rapports de l’INSTAT sont disponibles en ligne. La BCEAO fournit des informations sur les conditions de financement bancaire de l’habitat dans les pays de l’UEMOA.
En revanche, des données devraient être régulièrement collectées sur les logements et le marché du financement de l’habitat, qui serviraient de base à la formulation de politiques fondées. L’insuffisance de données fiables, détaillées et à jour sur le marché du logement constitue un frein pour le financement.
Informalité urbaine
Le taux d’urbanisation rapide de 44% avec une croissance annuelle de 4.7% et le manque d’aménagements urbains ont entraîné de très importants déficits de logements, ce qui entrave les efforts du Mali pour atteindre ses objectifs de développement. Le gouvernement poursuit le programme de construction de 50 000 logements sociaux. Cependant, la demande de logements abordables par les ménages à revenu faible et moyen reste forte, les fournitures de logements ne comblent pas le déficit.
La proportion de l’emploi informel dans les secteurs non agricoles s’élève à 98.3%. En milieu urbain, 23.3% de la population vivent dans des taudis, des implantations sauvages ou des logements inadéquats. L’un des objectifs du Mali est d’atteindre l’objectif de développement durable « Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables » (ODD 11). Concernant l’accès aux services de base, 85.2% des ménages ont accès à l’eau potable et 70.8% disposent de l’électricité. La proportion de ménages ayant accès à l’eau potable s’est améliorée sur la période 2006/20 de 78.7% en 2006 à 85.2% en 2020. Selon le milieu de résidence, 81.9% des ménages urbains pauvres ont accès à l’eau en 2020 contre 76.8% en milieu rural. Le lavage des mains avec de l’eau et du savon est l’une des mesures barrières recommandées pour lutter contre la pandémie de la COVID-19. Au Mali, 43.3% de la population utilisent des services d’assainissement gérés en toute sécurité, notamment des équipements pour se laver les mains avec de l’eau et du savon. En termes d’hygiène, l’utilisation de types de toilettes « chasse/fosse/latrine » est de 92.5% des ménages en 2020 contre 76.7% en 2001.[1]
[1] Institut National de la Statistique du Mali (2020). Rapport annuel de l’EMOP 2020/21. https://www.instat-mali.org/fr/publications/enquete-modulaire-et-permanente-aupres-des-menages-emop (Consulté le 28 Août 2021). Pg. 15-22.
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BMS SA https://bms-sa.ml/
BDM SA https://www.bdm-sa.com/
Bank of Africa Mali https://www.boamali.com/particuliers/prets/pret-ma-maison/
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