Pays
Guinée Bissau
Le secteur du logement abordable et son financement en Guinée-Bissau ont connu une évolution timide. Tout d’abord, José Carlos Esteves a été nommé ministre des Travaux publics, du Logement et de l’Urbanisme (MOPHU) suite au limogeage de l’ancien ministre Fidélis Forbs le 6 août 2024. Le ministre Esteves est le deuxième à occuper ce poste à six mois d’intervalle, puisque le gouvernement de Rui Duarte de Barros a été mis en place le 20 décembre 2023.
La page Facebook de la MOPHU fait état d’une concentration des activités et projets du ministère autour de la question des infrastructures, au détriment de la question du logement, et qui plus est du logement abordable. Malgré cela, les partenaires de la MOPHU, comme le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (UN-Habitat), l’ont soutenue cette année dans l’élaboration de documents de base, comme le Rapport sur le logement et le développement urbain, qui constitue une base de connaissances importante pour progresser vers l’accès au logement abordable et à son financement pour les ménages les plus pauvres.
Le prix au m² d’un appartement à Bissau est de 228 452 CFA (374 USD), tandis qu’une maison de 100 m² coûte 19,5 millions CFA (31 953 USD).
Selon le gouvernement, on estime que 83,2 % d’entre eux vivent dans des logements précaires.
Dans les zones urbaines, 80,3 % ont accès à l’eau potable, tandis que dans les zones rurales, un peu plus de la moitié (58 %) y ont accès. 84,7 % de la population a accès à des latrines à fosse.
Financement du logement en Guinée-Bissau
Plus d'informations
Découvrez plus d’informations sur le secteur du financement du logement en Guinée-Bissau, y compris les principaux acteurs, les politiques importantes et l’accessibilité au logement :
Pays d’Afrique de l’Ouest situé entre la Guinée et le Sénégal, la Guinée-Bissau est bordée par l’océan Atlantique Nord. Elle est membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) depuis 1997. D’une superficie de 36 130 km2, elle a une population de 2 150 840 habitants et une densité de 76 habitants au km2.1
La Guinée-Bissau est le pays le moins peuplé et la plus petite économie de l’UEMOA2 , avec un produit intérieur brut (PIB) estimé à 1 220,5 milliards de francs CFA (2 milliards de dollars américains).3 L’économie du pays est essentiellement structurée autour de l’agriculture, qui représente 49 % du PIB et emploie entre 75 % et 80 % de la population active. Les services et l’industrie représentent respectivement 38,5 % et 12,5 % du PIB.4 En 2023, le PIB a connu une croissance de 4,3 %, en légère hausse par rapport à 2022, qui devrait se poursuivre en 2024 pour atteindre 4,9 %.5 Par ailleurs, la production de noix de cajou, qui représente 90 % de la valeur des exportations dupays6, a augmenté de +4,2 % en 2023.7 L’inflation en moyenne annuelle a quant à elle baissé de 0,6 point de pourcentage par rapport à 2022, pour atteindre 7,2 % en 2023.8.
Malgré ces évolutions économiques positives, la Guinée-Bissau reste confrontée à une situation sociale fragilisée par les carences de l’Etat et la configuration de son système économique. L’État bissau-guinéen n’est toujours pas en mesure de répondre à la demande d’infrastructures et de services publics, et peine à développer le capital humain national.9 Ces défis freinent l’investissement privé dans le pays et la diversification de l’économie. En 2022, l’indice de développement humain (IDH) du pays le classait toujours à la 179e place sur 193. Bien qu’en légère baisse par rapport à 2022, la pauvreté touche encore environ 60,4 % de la population en 2024.10 Le coefficient de Gini de 33,4 indique un niveau moyen d’inégalité sociale en 2021.
Les inégalités et le ralentissement du développement du capital humain en Guinée-Bissau se reflètent directement dans les conditions de vie de la population. Le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) n’a pas évolué depuis 2015, restant gelé à 59 000 CFA (97 USD) jusqu’en 2024 malgré l’augmentation du coût de la vie.11 Le PIB par habitant a atteint 610 257 CFA (1 000 USD).12 En décembre 2023, l’inflation des prix à la consommation en glissement annuel s’élevait à 3,1 %,13 malgré les exonérations fiscales et les mesures d’allègement prises par le gouvernement pour réduire les prix des denrées alimentaires et de l’énergie.14 Ces mesures interviennent alors que la Guinée-Bissau connaît la plus forte inflation annuelle moyenne sur les prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Ces mesures interviennent alors que la Guinée-Bissau connaît la plus forte inflation annuelle moyenne sur les prix des produits alimentaires (+6%) et de la consommation liée au logement (+12%) de la zoneUEMOA15.
La Guinée-Bissau est encore majoritairement rurale, avec 58,3% de sa population vivant en dehors des villes.16 Le taux de croissance démographique du pays est en baisse depuis 2013, passant de 2,69% à 2,15% en 2022. 17 Malgré cette faible croissance démographique, la surconcentration de la population à Bissau et Biombo a des conséquences sur la demande de logements.18 Le pays bénéficie de l’assistance technique d’ONU-Habitat sur les politiques, plans et stratégies liés au logement, au développement urbain durable et à l’amélioration des bidonvilles, 19 ainsi que du soutien au financement hypothécaire de la Caisse régionale de refinancement hypothécaire (CRRH).
En plus de ces problèmes sociodémographiques, le contexte politique actuel pèse lourdement sur l’avenir économique du pays. Une nouvelle tentative de coup d’Etat a eu lieu au Palais du Gouvernement en 2022, portant à 17 le nombre de tentatives de coup d’Etat en Guinée-Bissau depuis l’indépendance. Cependant, le gouvernement formé en décembre 2023 s’efforce d’accélérer la transformation structurelle de l’économie à travers 1) une meilleure stabilité politique, 2) le renforcement de l’administration fiscale, 3) le développement des infrastructures physiques, 4) l’amélioration du capital humain et 5) le développement du secteurprivé22.
En Guinée Bissau, les femmes n’ont toujours pas le droit de posséder des terres, bien qu’elles occupent une partie des activités agricoles. Ainsi, en 2023, un réseau ParteMulher a été lancé par l’Union européenne (UE) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et formé à la médiation des conflits fonciers et à l’interaction avec les institutions nationales liées à la terre dans le but de fournir un soutien technique aux femmes qui recherchent une justice de genre en matière de droits fonciers.23
Le secteur financier bissau-guinéen compte six banques en décembre 202324 et six Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) en mars 2023.25 En septembre 2023, la Guinée-Bissau a vu l’agrégation de sa première institution de monnaie électronique (Finances Mobiles Bissau).26 L’accès aux services financiers est très limité mais aussi déséquilibré, la majorité des infrastructures de services financiers étant concentrée dans la capitale, Bissau. Le taux de pénétration bancaire strict reste faible à 16,4% en 2022.27 Au total, le secteur de la microfinance compte 10 741 clients. Le montant total des dépôts dans ce secteur a été estimé à 82,1 millions de francs CFA (134 533 USD) et l’encours des prêts à 56 millions de francs CFA (91 765 USD), avec un montant de 16 millions de francs CFA (26 218 USD) d’encours de prêts en 2023.28
Malgré la modestie de son système bancaire, la Guinée-Bissau a totalisé une augmentation du montant des crédits accordés à la clientèle de +13,3%, soit 25,5 milliards de FCFA (41,8 millions de dollars) en 2023, la plus forte augmentation de l’UEMOA sur cette période.29 L’année précédente, la part des crédits immobiliers dans le total des crédits bancaires a chuté de 16,4% à 13%. Dans l’UEMOA, la part des crédits immobiliers dans le total des crédits bancaires était de 2,2 % en202230.
La CRRH est la principale source de financement hypothécaire dans l’Union. En effet, en 2022, le Fonds a approuvé une enveloppe de 255,6 milliards de francs CFA (418,8 millions de dollars) financée par la dette pour le refinancement des prêts hypothécaires dans les pays de l’UEMOA de 2022 à 2023. Ce programme de financement de la dette prévoit l’émission d’obligations en offrant 179 milliards de francs CFA (293,3 millions de dollars US), et la mobilisation de ressources concessionnelles de 76 milliards de francs CFA (124,5 millions de dollars US) auprès des partenaires au développement.31
Depuis une dizaine d’années, le taux d’intérêt débiteur est en baisse dans la zone UEMOA, passant de 7,99% en 2012 à 6,48% en 2022.32 En revanche, le taux d’intérêt reste élevé en Guinée-Bissau en 2021 (8,86%) et 2022 (9,02%).33 En Guinée-Bissau, comme dans la zone UEMOA, les taux d’intérêt débiteurs sont légèrement plus faibles pour les femmes (8,43% en 2022) que pour les hommes (8,82%).34
L’inventaire 2016 de l’UEMOA sur le logement en Guinée-Bissau a mis en évidence le manque de données sur la demande de logement dans le pays ainsi que l’absence d’un système de production de logements.35 Le déficit de logements était estimé à 4 000 unités en 2015.36 Ce déficit s’est creusé depuis, en partie en raison de la forte croissance démographique et de l’urbanisation, signifiant une forte demande de financement de logements inaccessibles en raison de durées de prêts trop courtes.37 En 2016, les ménages de la classe moyenne ont acheté des terrains pour construire leurs propres maisons, mais seulement avec l’approbation du conseil municipal, qui est le plus grand propriétaire foncier de la ville. Malgré le déficit croissant de logements et la vulnérabilité des bâtiments existants, ces terrains font l’objet d’une spéculation qui fait grimper leur prix de manière significative.38
La majorité des ménages sont néanmoins propriétaires de leur logement. Malgré l’insécurité du logement, la proportion de ménages propriétaires de leur logement était de 80,6% en 2019, tandis que la proportion de locataires correspondait à 15,6% des ménages.39 Trois types de logements sont formellement identifiés en Guinée-Bissau : les villas (62,7% des logements), les concessions multi-logements (33,1%) et les appartements (seulement 0,7%). Certains types de logements identifiés en dehors de ces catégories représenteraient 3,5% du total.40
En Guinée-Bissau, la durée moyenne du chômage est estimée à 9,3 ans. 41 Parmi les travailleurs salariés, près de la moitié (49,5%) des employés ont perçu une rémunération inférieure au salaire minimum en 2018.42 Cette proportion était de 46,2% pour les hommes et de 53,7% pour les femmes. Le revenu moyen de la Guinée-Bissau est de 87 251 CFA (143 USD) avec des disparités entre les hommes et les femmes.43 Les faibles salaires s’expliquent par la prépondérance du secteur informel qui représentait 88,9% de la main d’œuvre en 2017, contre 11,1% dans le secteur formel.44
L’accès à la terre reste un défi car le prix des parcelles a augmenté de 186% en 20 ans. En 2019, le prix moyen d’une parcelle de 50 m2 était de 3 millions de francs CFA (4 916 USD) en raison de la forte pression foncière causée par la croissance démographique au cours des deux dernières décennies.45 Globalement, en 2019 à Canchungo, le prix moyen d’une parcelle était de 1,16 million de francs CFA (1 900 USD). Les prix des maisons varient en fonction du type de construction. À Canchungo, par exemple, le prix moyen d’une maison construite en pisé était de 2,03 millions de francs CFA (3 326 dollars US), tandis que le prix moyen d’une maison construite en ciment était de 4 millions de francs CFA (6 655 dollars US).46 Le prix d’une maison moins chère (d’une taille moyenne de 50 m2 et nouvellement construite par un promoteur) est estimé à 10,23 millions de francs CFA (16 763 dollars US).47 Le prix d’une location typique était d’environ 33 667 francs CFA (55 dollars US). En 2021 en Guinée-Bissau, seuls 5,77% des ménages urbains pouvaient s’offrir la maison neuve la moins chère.48
Le montant d’un prêt hypothécaire peut varier de 3 millions de CFA (4 916 USD) à 100 millions de CFA (163 865 USD), avec un délai de remboursement maximum de 15 ans. Ces prêts sont proposés à un taux d’intérêt de 7,75 %, avec un ratio transférable de 60 %, et les décaissements sont effectués en fonction de l’avancement des travaux. 49 Le Banco da África Occidental fixe le taux d’intérêt à 12% pour une durée maximale de 15 ans, mais le montant du prêt est fixé en fonction du niveau du salaire mensuel. 50 Le revenu minimum requis peut également atteindre 20 % de la valeur du bien, ce qui équivaut à un prêt maximum égal à 80 % de la valeur du bien. 51 Le remboursement mensuel des prêts est d’environ 70 % du salaire mensuel de l’emprunteur. 52 Les dépenses de logement augmentent également avec les services de base. Dans le cas d’un appartement de 85m2 dans un centre urbain, les charges pour ces services sont estimées à 35 357 CFA (58 USD).53
L’environnement urbain en Guinée-Bissau est affecté par la précarité de l’habitat. Cette précarité est associée au grand nombre de quartiers informels, au faible accès à l’eau potable et au manque d’installations sanitaires adéquates.54 La proportion de la population bissau-guinéenne vivant dans des logements précaires a été estimée à 83,2 %, contre 7,5 % de la population vivant dans des logements décents.55
Le parc immobilier du pays est estimé à environ 14 246 propriétés résidentielles à vendre, réparties en 11 034 appartements et 3 212 maisons. Le nombre approximatif de biens à louer est de 1 810, soit 1 564 appartements et 246 maisons. Les appartements de cette catégorie sont divers : studios, appartements F1, F2 et F3, ainsi que des appartements de plus de quatre chambres. Les maisons sont également de tailles différentes : de 50m2 à plus de 200m2.56 Les plus petites parcelles résidentielles ont une superficie de 50m2.57
En 2018, les logements étaient généralement construits avec trois types de toits : des toits en zinc ondulé (78,9%), des toits de chaume (18,8%) et des toits en tuiles ou en béton (1,6%). Les murs de 87,1% des logements étaient construits en argile, seulement 8,9% en ciment et 3,5% en pierre. Les sols des habitations étaient en terre (52%), en ciment (45,4%) ou en argile (2%). La vulnérabilité des habitations était due en partie à leur structure inadaptée aux tempêtes et aux eaux de pluie qui pouvaient compromettre l’intégrité des habitations.58
L’accès aux services de base est également un défi pour le pays. En effet, la proportion de la population ayant accès à l’eau potable était estimée à 66,2% en 2018. Cette proportion était de 80,3% en milieu urbain contre 58% en milieu rural la même année. En matière d’assainissement, 84,7% de la population a accès à des latrines. Le taux d’accès est plus élevé en milieu urbain (95,7%) qu’en milieu rural (78,3%)59 Un peu plus de la moitié de la population avait accès à l’électricité, dont 67,4% de la population en milieu urbain contre 41,6% de la population en milieu rural. Cependant, la majorité des ménages (64,3 %) n’avaient pas accès à l « électricité. Parmi les ménages ayant accès à l » électricité, 18% étaient connectés à un réseau public et 17,7% ne l « étaient pas. Seulement 1,3 % de la population bissau-guinéenne avait accès à des combustibles propres (gaz et électricité) pour cuisiner.60 La faible couverture des services de base est le résultat d’une corruption généralisée et d’une mauvaise gouvernance de ces services.61 Le développement de l’infrastructure routière est faible. En 2019, sur 2 700 km de routes, seuls 800 km étaient asphaltés, ce qui limite l’accès aux services de santé et d » éducation. En 2019, seulement 3,9 % de la population avait accès àInternet62.
L’accès à des terres sécurisées est relativement faible. La proportion d’adultes disposant d’un document foncier légal est de 21,7 %. Parmi ceux qui possèdent un titre de propriété, 78,8 % sont des hommes, contre 21,2 % de femmes.63
Le secteur du logement est en difficulté en raison du prix des matériaux de construction, en particulier du ciment. Bien que le pays dispose d’une cimenterie, un sac de 50 kg de ciment importé ou local coûte 5 000 CFA (8,19 USD) en 2023. Le pays était le 162ème importateur mondial de ciment en 2021, lorsque les importations de ciment ont atteint 2,65 milliards de francs CFA (4,3 millions de dollars US), et le ciment était le 19ème produit le plus importé dans le pays.64 Les prix des autres produits de construction, en dehors du ciment, ont augmenté : par exemple, un rouleau de toiture coûtait 30 000 francs CFA (49 dollars US) en 2021.65
Les biens immobiliers sont enregistrés par le Bureau du cadastre de Guinée-Bissau (Conservatoria do registo predial de Bissau).66 En termes de climat des affaires, la Guinée-Bissau se classe 177e et 132e sur 190 pays en ce qui concerne le traitement des permis de construire et l’enregistrement des propriétés résidentielles. L’obtention d’un permis de construire a nécessité 13 procédures et jusqu’à 143 jours en 2020, et a coûté 23,7 % de la valeur du bien. L’enregistrement d’une propriété nécessite cinq procédures et peut prendre jusqu’à 48 jours, pour un coût égal à 5,4 % de la valeur de la propriété.67
En 2023, la location d’un studio coûtait 21 042 CFA (34,5 USD), tandis qu’un appartement d’une chambre à coucher (F2) pouvait être loué à partir de 26 452 CFA (43 USD). Un appartement de deux chambres (F3) se louait à 34 869 CFA (57 USD), un appartement de trois chambres (F4) à 46 893 CFA (77 USD) et un appartement de quatre chambres ou plus à partir de 54 107 CFA (89 USD). Les prix de location d’une maison sont un peu plus élevés que ceux des appartements et varient en fonction de leur superficie en m2 : la location d’une maison coûte 33 667 CFA (56 $US) par mois pour une superficie de 50m2 ou moins ; 44 488 CFA (74 $US) pour une superficie comprise entre 50m2 et 100m2 ; environ 55 911 CFA (93 $US) pour une superficie comprise entre 100m2 et 150m2 ; près de 60 119 CFA (100 $US) pour une superficie comprise entre 150m2 et 200m2 ; et 66 131 CFA (110 $US) pour une superficie de plus de 200m2.68
Un studio coûte environ 4,5 millions de francs CFA (7 373 USD) à l’achat en 2023, tandis qu’un appartement F2 coûte environ 6,8 millions de francs CFA (11 142 USD). Le prix du F3 était presque le double de celui du F2 (12,6 millions CFA, soit 20 958 USD). Globalement, le prix au m2 d’un appartement était de 228 452 CFA (374 USD). Une maison de 50 m2 coûte en moyenne 9,7 millions de francs CFA (15 894 dollars) et une maison de 100 m2 coûte 19,5 millions de francs CFA (31 953 dollars). D’autre part, le prix au m2 d’une maison dans la capitale de la Guinée-Bissau était d’environ 192 380 CFA (315 USD).69
Le gouvernement de la Guinée-Bissau adhère au Projet de financement de l’habitat abordable (ELAP) lancé par l’UEMOA. Ce projet est financé par l’Association internationale de développement (IDA) et par la Commission de l’UEMOA avec l’appui de ses partenaires, la CRRH-UEMOA et la Banque ouest-africaine de développement (BOAD).70 En outre, le financement de la CRRH a permis aux banques de l’UEMOA de faciliter l’accès au financement de l’habitat abordable en allongeant la maturité des prêts hypothécaires. En accord avec les politiques des Etats membres de l’UEMOA, la Banque mondiale s’est engagée à améliorer l’accès au financement du logement abordable et à contribuer à la réduction de la pauvreté dans les zones urbaines.71 En outre, des programmes de transferts sociaux, ciblant les ménages, les individus, les femmes et les groupes exclus, ont été mis en place afin d’améliorer les conditions de vie des habitants.
Jusqu’en 2021, la Guinée-Bissau n’avait pas adopté de Politique Nationale Urbaine (PNU) ni de plan de développement régional prenant en compte l’évolution de la population, le développement territorial équilibré ou l’augmentation de l’espace fiscal au niveau local. Le secteur est confronté à plusieurs défis, notamment l’absence de mise en œuvre du plan urbain, l’extinction des zones humides, l’absence de cartographie de zonage et, surtout, l’absence de politique de logement social.72 Plus récemment, plusieurs politiques, plans et lois ont été élaborés par le gouvernement pour faire face aux problèmes créés par le changement climatique. Il s’agit notamment du Plan d’investissement dans l’énergie durable de la Guinée-Bissau pour la période 2015-2030 et de la loi Terra, approuvée par le Congrès national du peuple, concernant, entre autres, la réglementation et la gestion de l’espace sur le territoire national et la minimisation des problèmes de concessions foncières à des finsdifférentes73 . En outre, en 2024, ONU-Habitat a soutenu le gouvernement de Guinée-Bissau dans la préparation d’un rapport national sur le logement et le développement urbain, qui est une étape importante pour guider l’action du gouvernement et de toutes les parties prenantes au niveau national dans la lutte contre le déficit quantitatif et qualitatif de logements.74
Enfin, les systèmes fonciers coutumiers en Guinée-Bissau sont complexes : chacun des plus de 20 groupes ethniques a développé sa propre version du droit coutumier et des pratiques d’administration foncière. Par exemple, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a souligné la nécessité d’intégrer le régime foncier coutumier dans les systèmes formels d’administration des terres, par le biais de réformes institutionnelles et juridiques et du développement des capacités.75 Cela a motivé l’Association des femmes juristes de Guinée-Bissau à plaider pour l’amendement de la constitution afin d’y inclure des dispositions prenant en compte l’égalité entre les femmes et les hommes, en particulier en termes de propriété foncière.76
Le marché de l’immobilier reste un champ d’opportunités pour les différents acteurs agissant en Guinée-Bissau : l’Etat bissau-guinéen, les investisseurs, les entreprises privées et la population. La petite taille du pays et le faible déficit en logements par rapport à d’autres pays font de sa réduction un objectif réalisable avec une stratégie globale, intégrée et adaptée aux réalités locales.
En effet, malgré l’instabilité gouvernementale et les récents et fréquents changements au sein du ministère des Travaux publics, du Logement et du Développement urbain, la préparation du Rapport national sur le logement et le développement en 2024 constitue une importante feuille de route contenant des données actualisées sur le logement dans le pays afin d’élaborer des politiques appropriées à cet égard. Grâce à ce rapport, le gouvernement est désormais suffisamment équipé pour élaborer une stratégie nationale en matière de logement, en attribuant un rôle clair à chaque acteur et en identifiant les actions prioritaires pour renforcer l’écosystème du logement et l’accès des plus pauvres à un logement décent. L’attention renouvelée du nouveau directeur exécutif d’ONU-Habitat pour les questions liées au logement est une opportunité à saisir pour un soutien technique considérable, et augure de nombreuses activités dans ce sens en Guinée-Bissau.
Pour les investisseurs, agir dans le cadre économique et politique qui stabilise actuellement la Guinée-Bissau leur permettra de jouer un rôle de pionnier, voire de leader, dans les secteurs où les besoins sont les plus importants. Par exemple, la production locale de matériaux de construction à travers l’industrialisation de ce secteur permettrait non seulement de créer des emplois locaux, mais aussi de réduire drastiquement le coût des matériaux de construction, ouvrant ainsi le marché de l’immobilier à une plus grande partie de la population et consolidant une économie d’échelle dans ce secteur. L’égalité des investisseurs locaux et étrangers face aux lois et procédures, l’assurance de non saisie des actifs par le gouvernement, la liberté et le transfert des bénéfices mais aussi la possibilité d’être exonéré de la moitié des taxes habituelles pour une période de 6 ans offre un environnementfavorable77, que ce soit pour les investisseurs expérimentés sur le marché ou pour les petits investisseurs qui souhaitent se lancer en Guinée-Bissau.
Pour les entrepreneurs et autres promoteurs immobiliers privés, l’accessibilité relative du foncier et la présence en Guinée-Bissau d’une classe aisée locale et d’immigrés en provenance des pays du Nord représentent également un avantage pour le déploiement d’offres de logements mixtes. En effet, par effet de péréquation, le développement de logements de luxe destinés à la niche aisée pourrait permettre de financer la construction de logements plus abordables pour la majorité de la population, qui représente un marché important. Enfin, l’appui à l’auto-construction par l’Etat ou d’autres organismes est un moyen rapide non seulement de réduire la demande de logements abordables, mais surtout de dynamiser le secteur économique du bâtiment et de la construction, de créer de la richesse qui diversifiera l’économie nationale, d’améliorer le développement des infrastructures et de contribuer ainsi au développement de la Guinée Bissau.
Les données de qualité et à jour sur la Guinée-Bissau sont rares, et encore plus dans le domaine du financement de logements abordables. Les institutions gouvernementales ne publient pas de données sur les prix des terrains, des loyers ou des achats immobiliers. La publication de ces données par le gouvernement contribuerait grandement à la régulation du marché immobilier. Certaines institutions fournissent néanmoins des données, généralement agrégées : l’Institut National de la Statistique (INS), la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest qui fournit des données financières mensuelles, trimestrielles et annuelles, les banques commerciales, la Commission de l’UEMOA (à travers la CRRH), etc. Les ministères ne publient pas de données ou, lorsqu’ils le font, utilisent un format inaccessible. Certaines organisations internationales participent à la diffusion des données à travers des rapports sur leurs recherches ou projets : ONU-Habitat, Banque mondiale, Nations unies, GRDR, etc.
Le quatrième recensement général de la population et de l’habitat devait être réalisé en 2019, mais en raison du COVID-19, d’un manque de ressources et de l’instabilité politique, le processus a été considérablement retardé. En 2024, la phase de pré-test de la collecte des données a étéréalisée78, ce qui laisse espérer que le recensement sera mis en œuvre d’ici 2026.
D’autres sources de données sur le logement ont été identifiées sur ces sites web, bien qu’elles soient très peu fiables en raison des méthodes utilisées pour collecter les données : Global Property Guide, The GlobalEconomy.com, Cost of Living, Statista, BDEX et NUMBEO.
Institut national de la statistique : https://www.stat-guinebissau.com/
Ministère guinéen des finances : https://www.mef.gw/
Ministère des travaux publics, du logement et de l’urbanisme :
https://www.facebook.com/people/Minist%C3% A9rio-Das-Obras-PublicasHabita%C3%A7%C3%A3o-e-Urbanismo/100063855922335/
Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) : https://www.bceao.int/
Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) : http://www.uemoa.int/
Caisse régionale de refinancement hypothécaire (CRRH) : https://www.crrhuemoa.org/
- SESRIC. (2023). PAYS DE L’OCI EN CHIFFRES (OCI-CIF) : Guinée Bissau : Géographie et climat.
- Économie du pays. Union économique et monétaire ouest-africaine.
https://fr.countryeconomy.com/pays/groupes/union-economique-monetaire-ouest-africaine (consulté le 12 août 2023). - Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie. (2024). Guinée-Bissau, Situation économique et financière. Direction générale du Trésor. 25 juillet 2024. https://tinyurl.com/cau57yjn (consulté le 29 septembre 2024).
- France Diplomatie. Présentation de la Guinée-Bissau.
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https://vcda.afdb.org/fr/system/files/report/guinea_bissau_final_2024.pdf (consulté le 29 septembre 2024). Pg. iii. - Banque mondiale. (2024). Mise à jour économique 2024 : défis et opportunités pour la croissance économique en Guinée-Bissau. 17 mai 2024.
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- BCEAO. (2024). Rapport sur l’évolution des prix à la consommation dans l’UEMOA en 2023 et perspectives. mars 2024.
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- Voir note 5.
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https://meusalario.org/guinebissau/salario/salario-minimo (consulté le 29 septembre 2024). - Voir note 3.
- Voir note 7.
- Voir note 8. Pg. 12.
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- Voir note 5. Pg. 7.
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- Voir note 24. Pg.A195.
- Voir note 8. Pg. 28.
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- Voir note 30. Pg. 19.
- Voir note 30. Pg. 18.
- Voir note 30. Pg. 20.
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- Ibid. Pg. 35.
- Ibid. Pg. 57.
- Voir note 40. Pg. 76.
- Voir note 40. Pg. 57.
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- Voir note 48.
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- Voir note 47.
- Voir note 45. Pg. 70.
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- Voir note 40. Pg. 76-78.
- Ibid. Pg. ii.
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- Ibid.
- Voir note 54. Pg. 47.
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- Ibid.
- Voir note 47.
- Ibid.
- Voir note 37.
- Voir note 31. Pg. 138.
- Voir note 54. Pg. 93.
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- Voir note 19.
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https://guinebissau.com/business-climate/ (consulté le 29 septembre 2024). - INE. (2024). Quarto RGPH da Guiné-Bissau Novidades. https://stat-guinebissau.com/Menu_principal/IV_RGPH/RGPH.html (consulté le 29 septembre 2024)
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